Obéir… Voilà un mot que nous avons souvent vite appris ! Dès notre plus jeune âge, nous sommes invités à obéir… Obéir à nos parents, obéir à nos instituteurs, obéir à nos professeurs, nos éducateurs, à la loi… etc… On finit parfois par en avoir assez d’obéir. C’est d’autant plus vrai lorsque la loi se fait plus pesante… en période de confinement par exemple. Mais doit-on toujours obéir ?
De grands chrétiens se sont illustrés par leur désobéissance. Les martyrs de l’empire romain ont désobéi lorsque l’empereur leur a demandé de sacrifier aux idoles. Saint Maurice et Saint Martin alors qu’ils étaient soldats ont refusé d’obéir à un ordre de l’empereur au nom de leur foi. Saint Thomas More a désobéi au roi d’Angleterre Henri VIII… etc.
L’obéissance dans la foi
Le premier livre de la Bible raconte la désobéissance de l’homme à la seule interdiction que Dieu avait donnée. Cette désobéissance d’Adam et Ève est à l’origine de la rupture de leur relation avec Dieu. C’est cette relation que Dieu s’efforce de restaurer tout au long de la Bible.
Dans la vie de foi, dans la vie avec Dieu, l’obéissance semble avoir une place très importante. Dans le livre de la Genèse, Abraham a foi en Dieu parce qu’il lui obéit et quitte la terre de ses ancêtres pour aller où Dieu le conduit (Gn 12, 1) « Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage. » ( He 11, 8) . Plus tard, Moïse obéit à Dieu lorsqu’il va accomplir sa mission de sauver le peuple d’Israël. (Ex 3).
Il y a dans la Bible beaucoup d’autres exemples de cette obéissance à Dieu qui fait grandir dans la Foi. Et puis, il y a Marie, qui obéit à Dieu en acceptant cette mission, et enfin Jésus, dont toute la vie est caractérisée par une obéissance au Père, après avoir obéi à Joseph et Marie. « Il redescendit alors avec eux, et revint à Nazareth, et il leur était soumis » (Lc 3, 53).
Juste avant sa passion et sa mort sur la croix, Jésus redira à son Père : « Non pas ma volonté mais la tienne » (Lc 22, 40-46), « non pas ce que moi je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14, 32-42).
Saint Paul dira « Comme par la désobéissance d’un seul la multitude a été constituée pécheresse (il parle d’Adam), ainsi par l’obéissance d’un seul (Jésus) la multitude sera constituée juste » (Rm 5,19).
Le chrétien est donc appelé à obéir d’abord à Dieu dans l’ensemble de sa vie : c’est ce qu’on appelle l’obéissance de la foi. Elle exige de toujours chercher ce qu’est la volonté de Dieu.
A qui obéir ?
Dans la vie ordinaire, nous sommes soumis à de nombreuses autorités : dans la vie civile (la police), au travail, en famille, dans l’Eglise…
Saint Paul dit aux Romains : « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a pas d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par Lui. Ainsi, celui qui s’oppose à l’autorité se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu, et les rebelles attireront la condamnation sur eux-mêmes » (Rm 13, 1-3) .
Le chrétien est appelé a respecté l’autorité nécessaire à toute société humaine et à ceux qui l’ont reçu. Qu’ils l’aient reçu par un vote ou d’une autre manière, c’est eux qui devront en rendre compte devant Dieu. Parce qu’exercer l’autorité a aussi des exigences ! Mais il y a parfois des exceptions à cela, comme nous l’avons vu au début !
Un exemple : l’attitude des hébreux pendant l’exil : une petite video!
Jusqu’où obéir ?
- Pour obéir : il faut d’abord que cette autorité soit légitime, et donc reconnue par la société dont je fais partie. Ainsi, on ne doit pas obéir à tout le monde. Le cardinal Siri (1906-1989) disait : « Il faut obéir à qui on doit obéir pour ne pas avoir à obéir à qui on ne doit pas obéir ! »
Dieu a doté tout homme d’une conscience que chacun se doit de former. Une conscience bien formée, est capable de discerner le bien et le mal. Lorsque ce qui nous est demandé quelque chose, si nous discernons en conscience que cette chose est objectivement et intrinsèquement (en elle-même) mal. Un ordre qui s’opposerait directement à la foi chrétienne ou aux commandements (tuer quelqu’un par exemple) peut être légitimement rejeté ou refusé.
C’est ce qu’ont vécu saint Thomas More, héros du film Un homme pour l’éternité ou le bienheureux Franz Jägerstätter, le héros du film Une vie cachée.
Ce refus d’obéir est l’origine de l’objection de conscience. Encore une belle invention chrétienne !
Pour aller plus loin :
Sur l’autorité :
- Catéchisme de l’Église Catholique, n°1897-1904
- Catéchisme de l’Église Catholique, n°2234-2257